Questions/Réponses

The ArtFabric? C‘est quoi?

C’est un projet qui consiste à effectuer des interventions artistiques dans des communautés marginalisées.

Nous collons des oeuvres d’art originales -street art, photos, pochoirs- sur les murs de ces communautés.

Qui sommes nous ?

Nous sommes deux photographes activistes ; Fabi Futata est brésilienne spécialisée en photographie sociale. Eric Maréchal est un photographe  français de street art.

Que voulez vous dire par “communautés marginalisées”?

Nos interventions s’effectuent dans les rues ou vivent les réfugiés, les sans-abris, les squats, les favelas. Ces  communautés d’exclus de notre société deviennent invisibles aux yeux de tous dans des espaces la plupart du temps occupés illégalement.

Qui crée les oeuvres d’art collées sur les murs?

Outre des photos prises par The ArtFabric, nous avons rassemblé un groupe de plusieurs centaines d’artistes du monde entier provenant d’un projet précèdent, “street art without borders”*

Quel type d’art ou de photos collez vous?

Tous styles, langages, techniques et formats sont bienvenus. D’un point de vue thématique, nous encourageons les artistes à créer leurs oeuvres soit à partir de nos photos, soit à partir des thèmes sociétaux que nous rencontrons. Le support doit être de préférence “papier” pour son prix de revient négligeable, sa facilité de transport et de collage.

Tout en accumulant une grande quantité de photographies pour documenter nos interventions, nous privilégions le collage de portraits en grand format des personnes rencontrées. Nous fournissons également aux artistes certains de ces portraits qu’ils déclinent en pochoirs ou autres.

Quels objectifs visez vous en agissant auprès de ces communautés?

Outre le fait d’apporter de l’art à des communautés qui ont rarement accès à l’art, nous souhaitons apporter un regard diffèrent, une visibilité sur celles ci ainsi que sur leurs conditions de vie. Grace aux arts visuels, The ArtFabric cherche aussi à éveiller les consciences sur des problèmes sociaux récurrents : l’occupation de l’espace public, la précarité, les déplacements forcés, les frontières sociales, l’exclusion.

De plus nous sommes fortement encouragés par les réactions positives que nous suscitons  auprès de ces communautés : des sourires, du plaisir, de véritables bulles de joie.

Est ce légal? Obtenez vous les autorisations pour coller sur les murs?

Que ce soit dans les rues ou dans les favelas, que leur “maison“ soit une tente ou un squat, nous demandons toujours l’autorisation des occupants de ces espaces.

Outre le respect que nous leur devons, c’est une façon de légitimer leur “maison”. Bien que nous ne vandalisons ni espace public ou privé, nous sommes bien conscients de la nature illégale de notre activité.

Comment de déroulent vos interventions?

Au delà d’apporter de l’art dans ces communautés, la mission de The ArtFabric consiste a instaurer un tissus de dialogues, collaborations et liens entre ces espaces, les communautés qui y vivent, les artistes et les oeuvres d’art.

Plusieurs types d’actions se déroulent : éphémères et immédiates dans les pays ou nous ne résidons pas, continues et suivies sur nos pays de résidence (Allemagne et Brésil) permettant dans ces cas plusieurs niveaux d’interactions avec des aller/retour entre les artistes et The ArtFabric.

Les récits de vies collectés, les photos et vidéos réalisées permettent d’alimenter la créativité des artistes produisant de nouvelles oeuvres que nous collons a nouveau.

Les exemples ci dessous illustrent nos actions :

Etude de cas 1 : “la maison” par Philippe Herard

Nous avons partagé notre expérience des sans abris de Toulouse et de Sao Paulo avec l’artiste français Philippe Herard et lui avons proposé de réfléchir a la thématique “la maison” avec sa symbolique de refuge, de toit, de protection.

Très inspiré par ce thème, Philippe a crée une série de 16 oeuvres sur papier qui ont été collées dans différentes communautés de Sao Paulo, puis de Los Angeles, Oakland et Tijuana.

Etude de cas 2 : José Adriano par Ebenholz

Lors de l’une de nos interventions à Paraisopolis, Sao Paulo, nous étions suivis en permanence par un gamin de 7 ans, José Adriano. Très curieux et voulant participer, il se retrouve sur plusieurs photos, posant candidement. Comme toujours, les photos sont envoyées à chaque artiste. L’artiste allemand Ebenholz décide alors de créer des centaines de stickers à partir d’une des photos envoyées, sur laquelle José Adriano apparait dégustant une glace devant le pochoir de l’artiste. Nous sommes bien entendu retournés à Paraisopolis pour donner ces stickers à José Adriano qui ne contenait plus sa joie, collant ses stickers un peu partout, les distribuant à ses copains...nous avons pris ce jour là une photo de Jose Adriano tenant fièrement dans ses mains le sticker en question. Ebenholz a alors décidé de créer un pochoir avec cette nouvelle photo de José Adriano. Quand nous sommes retournés pour coller ce nouveau pochoir, José Ariano n’était plus là, ce qui n’a pas empêché ses copains de se réjouir de voir Jose Adriano sur leurs murs.

Etude de cas 3 : Sexy Girl avec Paddy

Tout au long de nos interventions, nous recueillons des histoires de vies, de rêves, de peurs. Lors de l’une de nos actions à Vila Leopoldina, Sao Paulo, Darlan, un jeune habitant de cette communauté que nous suivons régulièrement nous fait part d’un de ses rêves : il sort de sa tente une page froissée représentant une femme nue extraite d’un Playboy. “Voila mon rêve” dit il en riant. Nous prenons en photo cette page et l’envoyons a l’artiste français Paddy, créateur de pochoirs inspirés de filles sexy. Il nous renvoie ses créations grand format que nous collons à Los Angeles puis à Leopoldina au grand bonheur de Darlan qui ne cache pas sa joie au vu de son rêve collé sur son mur.

Etude de cas 4 : « Le couple » par Celso Gitahy

Nous rencontrons Everaldo et Ana quand elle est enceinte de leur premier enfant. Cela fait trois ans qu’ils vivent dans les rues de Sao Paulo. Une photo est prise du couple endormi, tendrement enlacé. 

Nous avons imprimé la photo en grand format puis l’avons collé dans la communauté. L’artiste brésilien Celso Gitahy s’est inspiré de cette photo pour en faire un pochoir grandeur nature. Lorsque nous sommes retourné pour coller cette nouvelle œuvre, nous suscitons une énorme émotion : le couple s’était séparé suite à une série d’événements dramatiques. Cependant, Everaldo nous demande de coller le pochoir près de sa tente afin de l’aider à surmonter ses épreuves. Une semaine plus tard nous apprenons que le couple s’est réunifié.

Ces quelques exemples illustrent le déroulement de nos interventions. The ArtFabric est un fervent défenseur de la créativité et du potentiel visionnaire des artistes et est ouvert à toutes formes de collaborations avec eux.

Prochaines étapes ?

Nous voulons continuer à effectuer nos interventions sur d’autres villes à travers le monde parce que nous sommes convaincus de l’impact positif des arts visuels sur les populations à risque. Outre la dissémination de bulles de plaisir sur ces communautés, nous souhaitons rendre visibles ces populations devenues invisibles tout en continuant à développer des expériences d’art collaboratif.

Pour cela, nous avons besoin d’être supportés financièrement et recherchons activement différentes sources de financement.

En contrepartie, nous publierons des livres, présenterons notre travail et nos interventions lors de présentations publiques et d’expositions.

www.theartfabric.com

* « street art without borders » est un projet initié en 2008 qui consiste à coller sur les murs des villes du monde les œuvres d’artistes de cultures différentes. Au bout de huit ans ce sont les œuvres de plus de 450 artistes provenant de 38 pays qui ont été collées dans 56 villes d’Europe, d’Amérique du Nord et Sud, et d’Asie. Les oeuvres originales sont de tous types (pochoirs, acrylique, huile, aérosol, fusain) réalisées sur papier de toute taille. Une fois collées, les œuvres sont photographiées et les photos envoyées à chaque artiste puis publiées sur www.flickr.com/photos/urbanhearts

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